Les taux d’intérêt des crédits immobiliers accordés aux particuliers par les banques en France, qui évoluent à des niveaux historiquement bas depuis des mois, pourraient désormais entamer une légère remontée, estiment des courtiers.
Si les taux des prêts du secteur concurrentiel se sont établis à 1,33% en moyenne en octobre, selon l’observatoire Crédit Logement/CSA, “le taux moyen pratiqué en ce début novembre est, lui, en hausse”, affirme Cafpi dans une note publiée le 16 novembre dernier.
“Les banques l’ont dit, courant novembre elles relèveront leurs taux”, poursuit le courtier, qui voit plusieurs raisons à cette décision.
En premier lieu, le taux d’emprunt à 10 ans de la France (OAT) qui sert de référence aux emprunts à taux fixe des particuliers, connait “une franche remontée”. Alors que son taux s’établissait à 0,34% en début de mois, il a déjà augmenté pour atteindre 0,83% au lendemain de l’élection de Donald Trump à la présidence américaine.
Car “les craintes d’une poussée inflationniste outre-Atlantique ont fait grimper le taux d’emprunt à 10 ans des Etats-Unis, entraînant dans son sillage les marchés obligataires européens”, observe Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi.
Et si les politiques de Donald Trump, qui promet un vaste plan de relance de l’économie américaine, “débouchent sur un déficit budgétaire plus important”, cela pourrait amener la Réserve fédérale américaine à “devoir remonter ses taux encore plus vite” qu’elle ne le prévoit, analyse dans une note, la société Lazard Frères Gestion.
Par ailleurs, la hausse du taux de l’OAT “fragilise” des banques françaises qui ont quasiment rempli leurs objectifs de distribution de crédit pour l’année 2016.
Afin de préserver leurs marges, il leur faut augmenter leur taux, dit Cafpi, anticipant une hausse limitée, de 0,5 point de pourcentage d’ici fin décembre.
En outre un renforcement de la réglementation qui viendra rogner les marges de l’activité sur l’assurance emprunteur, rappelle le courtier Empruntis, incite aussi les banques à pousser à la remontée des taux.
Pour Cafpi, cette hausse “ne sera pas suffisamment importante pour désolvabiliser les emprunteurs à moyen terme, d’autant que les prix devraient, eux, rester raisonnables”.
Elle sera “progressive et limitée, du fait des stratégies des banques pour 2017”, renchérit Empruntis.
“Il faudra effectivement observer l’attitude des banques dans les semaines qui viennent et l’évolution des OAT, mais ne crions pas trop vite au loup!”, prévient de son côté meilleurtaux.com, avant d’ironiser: “Ne nous laissons pas ‘trumper’!”.
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